Vu sur le web – “L’avenir du transport multimodal passera par l’open data”
Depuis le 6 août 2015, La loi Macron impose aux entreprises des transports publics et de mobilité, l’ouverture des données ou « open data ». Tous les transporteurs ne s’engagent pas avec la même célérité. Certains y vont à tâtons, craignant une remise en cause de leur position par les multinationales du net. Une chose est sûre, l’éclosion de véritables services de transport multimodal dépendra de la capacité des acteurs privés et publics à collaborer.
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Par La Redaction
Programmer un itinéraire qui en fonction de la météo du jour ou du degré de pollution oriente vers le vélo ou le train, éviter le tramway dont la circulation est perturbée, emprunter la ligne la moins bondée ou éviter l’auto-partage en raison des bouchons annoncés … L’usager des transports aura bientôt à sa disposition des applications de plus en plus sophistiquées, développées par les opérateurs de transport ou les start-up. Rivé à son smartphone, le travailleur urbain pourra ainsi se prémunir de tout désagrément. Grâce à elles, la promesse d’un trajet multimodal, c’est à dire empruntant différentes formes de transport, plus sereinement, deviendra réalité.
Pour créer ces nouvelles applications, encore faut-il que les acteurs disposent des informations nécessaires et notamment des relevés en temps réel. L’élaboration de ces nouveaux services est conditionnée par le développement d’un concept clé : l’ouverture des données ou « open data ». Depuis le 6 août 2015, La loi Macron impose aux entreprises des transports publics et de mobilité, l’ouverture de ces données. Les transporteurs n’embrassent pas tous le mouvement avec la même ferveur.
SNCF, le groupe de transport le plus volontariste
Très proactif, le groupe SNCF a lancé, dès 2011, une plateforme de données ouvertes contenant par exemple à l’origine le référentiel des gares. « _La société a compris que l’open data est un mouvement irréversible et a choisi de l’anticiper plutôt que de le subir_ » observe Chloé Bonnet co-fondatrice du cabinet Five by Five, spécialiste de l’open data. Une plateforme enrichie à la fin 2012 par le tableau prévisionnel des horaires des lignes TER, des Intercités et des Transiliens. Depuis deux ans déjà, l’entreprise publique propose des APIs à même de diffuser des données toujours à jour puisque ces interfaces se greffent sur son système d’information. Le prix d’accès est modulé en fonction de l’usage. Afin qu’elles ne viennent pas préempter ces données, les multinationales du net payent davantage que les start-up. Dernièrement, la société ferroviaire a intégré les données temps réel de l’Eurostar et du Thalys.
Sa filiale Keolis a également été pionnière dans l’ouverture des données, notamment dans la ville de Rennes (réseau Star). L’opérateur a lancé son programme d’ouverture en 2010 en rendant accessibles sur une plateforme les données de disponibilité des vélos en libre-service. Le portail compte aujourd’hui 36 jeux de données exportables, visualisables sous forme de tableaux, cartes ou graphiques, et entièrement accessibles via des APIs normalisées grâce à une collaboration avec Opendatasoft, plateforme d’hébergement de données ouvertes.
La RATP a également fait figure de précurseur en ouvrant en juillet 2012 les données statiques (horaires, trajets ….) sur ses 26 000 lignes de bus, métro, tramway, RER. Mais l’enthousiasme des débuts s’est étiolé. L’opérateur de transport parisien adopte depuis une attitude plus défensive, notamment vis-à-vis des multinationales technologiques, considérées comme une menace. Une attitude qui tend à se généraliser chez d’autres. « _À un moment donné, les transporteurs se sont dits qu’ils faisaient des efforts faramineux afin de mettre à disposition leurs données à des start-up pas toujours pérennes. Pour, au final, constater qu’elles profitaient aux GAFAs. C’est alors que la crainte d’une désintermédiation a commencé à s’instaurer_ » souligne un connaisseur du secteur qui préfère garder l’anonymat.
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